Khriss, côté Face...

« Who Am I ? »

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« How Am I ? »

Le voyant rouge de la caméra s'allume, derrière les quatre professionnels le scrutant d'un regard blasé, fatigués par la journée d'audition tandis que le grand brun ne se départit pas d'un léger sourire, sur de lui, de son physique et de sa prestance. Après tout, des deux, il a toujours été le meilleur, ce n'est pas maintenant que ça changera !

La femme qui vient de parler, la directrice de casting, respire celle qui est immergée depuis des années dans le monde de la mode et a su en tirer son épingle du jeu, étant à la pointe des tendances et de l'élégance de la pointe des cheveux au bout des pieds. Le jeune homme se redresse, fier et visiblement sur de lui alors qu'il commence.

L'homme à l'extrémité droite l'interrompt.

Un large sourire fend la bouche de Khriss, s'étirant finalement sur un coin dans une moue qui met en valeur ses traits finement ciselés et son air naturellement non chalant, presque dur.

La femme du début se racle légèrement la gorge, visiblement amusée par son assurance.

« How I Became Me ? »

D'aucun dirait que mon histoire n'a rien d'originale. Et ils auraient raison. En fait, beaucoup sont passés par la même chose. Naissance, parents en conflit constant, séparation, divorce, tension continue avec partage de garde. Oui, mais là où là où mon histoire varie de la majorité, c'est que la plupart de ces gens étant passé par là n'avait pas, comme moi, de frère jumeau. Enfin, c'est un faux jumeau mais il n'empêche que nous sommes issus du même ventre, le même jour.

Tout allait bien quand on était petit. Khriss, moi donc, et Keith, étions inséparables, comme beaucoup de jumeaux. Petits, malgré le fait que nous soyons maintenant loin d'être des copies conformes, les gens avaient beaucoup de mal à nous différencier tant nous nous plaisions à nous ressembler, attirant par ce biais l'attention.

Jusqu'à nos huit ans il en fut ainsi. En réalité, un peu avant. Depuis nos six ans, depuis que maman rentrait de plus en plus tard du travail, que papa buvait de plus en plus, les choses n'allaient plus à la maison. Dès qu'ils se croisaient, en de rares fois, ils se disputaient, en venant parfois aux mains. Nous subissions quelques dommages collatéraux mais nous nous inquiétions plus de voir nos parents se déchirer que de nos propres ennuis. Mais deux ans plus tard, le drame et le début de la fin a commencé.

Aucun des deux ne nous voulait tous les deux, le duo, les inséparables, les jumeaux. Ils se sont mis, pour une fois, d'accord. Ils nous ont séparés. J'étais plus proche de notre mère et Keith de notre père. Pourtant, chacun, pour ennuyer l'autre au maximum, a choisi de s'occuper de l'autre jumeau. Ainsi, je suis parti vivre avec notre père dans un bouge de la banlieue d'Ouranos.

Au début, ça allait. Il était pas trop con. Ou peut-être que j'étais trop petit pour m'en rendre compte. Et puis quand je suis entré au collège et que mes résultats ont baissé, que j'ai commencé à en avoir marre d'aller en cours pour des bulles, il m'a fait aller au Dojo pour apprendre le combat. Parait-il que ça m'aiderait à devenir un homme et non pas une lopette comme ma mère avait fait de moi.

Là ont commencé les mots, les engueulades, les bitures qu'il se prenait de plus en plus souvent, regrettant que je ne sois pas mon frère. Keith, pour lui, était presque un futur dieu. C'était SON fils alors que j'étais le fils de ma mère, le batard... difficile d'être un batard quand on vient du même ventre que SON fils n'est-ce pas ? Alors, forcément, de là, quand mon jumeau venait passer les week end à l'appart et que je le voyais choyé là où je me prenais des baffe, quand il était de bonne humeur, je l'ai eu mauvaise.

Il m'aurait au moins apporté une chose. Les sports de combat sont devenus mon exutoire, le Dojo ma seconde maison, mon frère, l'ennemi à abattre. Il était cette cible que je voulais dépasser sans jamais le pouvoir selon les exigences paternelles. Alors j'ai continué et j'ai nourri petit à petit cet esprit de compétition à l'égard de celui qui, pendant mon enfance, était la moitié de mon être.

A dix-sept ans, il y a eu le coup de trop, le cocard plus gênant qu'un autre, la mise en application de sept années de combat. Je lui ai retourné un poing, j'ai pris mes affaires, autrement dit, un sac à dos, un peu de blé, et je suis parti. J'ai été repéré la première fois dans la rue par un agent qui a trouvé ma belle gueule, ma silhouette forgée par le combat et mon air revêche "In" et m'a fait faire des photos. J'ai commencé à tourner, par-ci, par-là, sur des photoshoots, quelques pubs de seconde zone...

Et à dix-neuf ans, j'ai sauté le pas. Je me suis présenté à un casting pour une grosse agence de mannequinat. J'ai été pris. Apparemment, je leur ai tapé dans l'oeil. Le problème ? Mon frère aussi... Le plus gros problème ? L'agence loge ses mannequins... ça, c'est un plus... le gros moins ? Ils ont cru bon de nous loger ensemble pour faire des économies... "après tout, nous sommes frères" ...

« All About Me »

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